• 'The Eraser' THOM YORKE

    Personne sensibles s'abstenir!
    Telle pourrait être la consigne accompagnant l'écoute de The Eraser, premier album solo tourmenté et bouleversant de Thom Yorke le chanteur de Radiohead.
    Lorsque le leader (et accessoirement tête pensante) du groupe le plus acclamé de son époque sort son premier disque en solo, c'est logiquement avec un a-priori positif qu'on tend une oreille attentive en sa direction.

    Il n'est pas utile de rappeler la crédibilité qui entoure Radiohead et son chanteur Thom Yorke depuis l'album Ok Computer qui fit entrer les anglais dans la cour des très grands puis après le virage radical pris avec les opus « Kid A » et son suivant immédiat « Amnesiac » qui ont définitivement consacré Radiohead comme le groupe le plus influent de son époque.
    Depuis la sortie de ces deux disques qualifiés d'expérimentaux on le sait il y a chez les anglais deux versants qui cohabitent : un versant pop à guitares (très présente dans les trois premiers albums du groupe) et un versant plus expérimental à forte tendance electro incarnée par le surdoué Johnny Greenwood et le chanteur, devenu anti-héros par excellence, Thom Yorke.

    Depuis des années, celui-ci avait donc accumulé des idées et des bribes morceaux dont il savait qu'ils ne pourraient jamais trouver place sur un album futur de Radiohead. Plus qu'un véritable disque en tant que tel, The Eraser (littéralement l'effaceur) est donc le produit compilé de cette activité en marge du groupe et de tous ces « accidents sonores » comme le dit son auteur.

    Effacer de son cerveau les pensées et peurs qui le ou nous traversent, ça pourrait bien être le sens de cette nouvelle entreprise du chanteur de Radiohead.
    Enregistré avec l'aide du fidèle Nigel Godrich, on y retrouve le Thom Yorke de Kid A et Amnesiac, à savoir musicalement majoritairement electro et vocalement plaintif et exceptionnel.

    La chanson éponyme qui ouvre l'album donne le ton : minimalisme ambiant (un piano bancal sur des beats electro), très peu d'instruments et une voix inimitable, celle de Thom Yorke, par dessus. C'est peu sans doute mais ça suffit pour installer un climat à la fois étrange et inquiétant qui ne se démentira jamais tout au long des neuf titres (trop peu) qui composent ce disque. On entre définitivement dans ce monde chatotique avec Analyse, second titre où une ligne mélodique claire et lumineuse vient s'ajouter à des climats élctroniques plutôit sombres.

    on reconnaît déjà bien là le style de Thom Yorke et du Radiohead des trois derniers albums.
    Alternant morceaux accessibles presques pop (si tenté que ce qualificatif s'applique pour ce disque là) et titres plus experimentaux, The eraser est un album à la fois intense et très homogène dont les voies difficilement pénétrables ne se révèlent qu'après de nombreuses écoutes.
    La jaquette sur laquelle où aperçoit un mage tenter de repousser les forces du Mal menaçantes pourrait bien résumer l'état d'esprit dans lequel son auteur se trouvait au moment de l'écriture du disque. On sait Thom Yorke très concerné par tous les problèmes que peut recontrer l'humanité et nul doute que les problèmes de polluution de notre planète où les question politiques doivent être une source intarrissable à la fois d'angoisse et d'inspiration pour ce chanteur torturé qu'est le leader de Radiohead.


    Tour à tour oppressantes, envoûtantes ou au contraire invitant à la rêverie, ce court effort en solo de Thom Yorke nous emmène dans un monde effrayant où l'on finit par ne plus savoir qui de l'homme où de la machine domine.
    De ce magma toujours en fusion émergent certains titres plus comme ce Black Swan au riff proche du I might me wrong de Amnesiac, le somptueux Atoms for peace, mélange de Boards of Canada et de post rock à la Mogwaï ou encore le désespéré « Cymbal rush » qui n'est pas sans rappeler certains titres des derniers disques de Radiohead (on croit même reconnaître la batterie de Phil Selway sur la fin).

    Et puis il y a la voix...
    Sur ce The Eraser, Thom Yorke n'a peut être jamais aussi bien chanté, son chant toujours aussi mélancolique et envoûtant a gangné en justesse et en sobriété. Il vient apporter la nécessaire touche d'humanité et de chaleur à un ensemble musical froid et oppressant de prîme abord.
    Car c'est précisement dans dans cette dualité permanente entre chaleur et froideur, entre luminosité vocale et ténèbres musicales que réside le miracle de The Eraser.

    Un bémol cependant : la durée trop courte (neuf titres seulement) de ce premier opus en solo du chanteur de Radiohead qui devra la prochaîne fois faire peut être davantage pour se hisser à la hauteur (très élevée il est vrai) du groupe dont il est à la fois le cerveau et le chanteur

    On ne sait encore à quoi ressemblera le prochain disque de Radiohead, mais nul doute qu'avec avec cette escapade en solo, Thom Yorke son leader aura réalisé les fantasmes qu'il se refusait avec son groupe et se sera débarassé de bien des obsessions.
    Pour le bien de tous?


    Titres recommandés : Analyse, Black Swan, Atoms for Peace, Harrodown Hill, Cymbal Rush

    www.the eraser.net


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :