• SAEZ

                                   SAEZ : le chagrin et la colère

     

     

    Plus de quinze ans se sont écoulées depuis la parution en 1999 de "Jeune et Con" le titre qui allait révélé le rocker Damien Saez au grand public.

    Avec cet entêtant single, les amateurs de musique à guitares découvrait un jeune talent très prometteur.

    Multi-instrumentiste (guitariste et diplomé du conservatoire de piano de Dijon), auteur-compositeur-interprète, entouré de fidèles amis musiciens, le CV du jeune Damien avait de quoi séduire un public rock hexagonal toujours en recherche de de nouveauté et talents juvéniles.  

    Il y a quelques mois, l'auteur de jeune et con refaisait surface via une série de posts et de tweets annonçant l'avènement d'un nouveau projet le concernant.

    Intitulé Le Manifeste, ce concept complexe incluait la publication de deux albums ainsi qu'une tournée à l'automne et au printemps 2017.

    Ambitieux, ce travail avait été annoncé à grands renforts de verbe lyrique tel A l'aube du grand voyage" ou bien l'expression Nouvel art usitée  pour décrire la démarche du chanteur.

    On allait donc voir ce qu'on allait voir.

    Le 9 décembre dernier est paru le premier volet de ce grand dessein : un album (le neuvième) intitulé Le Manifeste, l'Oiseau Liberté et Prélude Acte II.

    10 titres avec lequel le chanteur part une fois encore en croisade contre les injustices de ce monde et contre la médiocrité ambiante.

    Comme beaucoup d'artistes, le dijonnais a été marqué et bouleversé par les évènements qui ont lieu dans l'Hexagone en 2015.

    Ce premier volet du Manifeste compte de nombreuses références à ces évènements tragiques.

    Les titres "Tous les gamins du monde" et "Les enfants paradis" sont même directement dédiés au victimes de ces actes atroces.

    Touchant et poignant, Saez se démène de toute son âme (écorchée) pour faire couler des larmes sur les joues de ses auditeurs, à l'image de Mélancolie, le personnage aux allures de clown triste présent sur la pochette.

    Théâtral et enflammé, Saez évoque les grands idéaux de Liberté, de patrie et de Paix et peste contre le systéme, s'en prenant à notre société, à ses dérives consuméristes.

    Un salmigondis de discours un peu indigeste et qui peut faire sourire malgré le fait que ces belles déclarations d'intention soient soutenues par des mélodies inspirées (jouées pour la pluapart au piano ou à la guitare sèche).

    Guerrier des mots, Saez développe sur cet opus une complainte nostalgique empreinte de mélancolie.

    Un refrain qui lui est familier qui s'il peut paraitre de prime abord convaincant péche par une trop grande simplicité.

    A maintenant 41 ans, le chanteur s'exprime de manière toujours aussi violente et sans nuance qu'à ses débuts. Une forme de naïveté à la fois touchante et agaçante.  

    La seconde partie est un coup de gueule de Daez contre le business de l’industrie musicale.

    Se sentant menacé par la puissance des maisons de disques, notre Damien n'a pas le moral. 

    Sur "le dernier disque", il évoque sa lassitude face à une industrie musicale qui ne jurerait  plus que par l'argent et le  profit.

    "Permets-moi de sauver ce que j'ai de Rimbaud" le rocker n'y va pas avec le dos de la cuillère à l'instant d'évoquer la lutte entre les artistes vrais et les chantres du business de la musique.

    "Si j'ai trop combattu, trop de moulins à vent"... la possibilité de cesser son activité de chanteur est évoquée.

    Un discours un poil démagogique?

    L'auteur de "Jeune et Con" n'est pas à plaindre.

    Ses disques se sont pour la plupart bien vendus et ses concerts sont sold out, les tickets s'arrachant comme des petits pains.

    Comme avant lui Manu Chao ou Noir Désir, cette parole militante et engagée est mise à mal par le statut d'artiste reconnu bénéficiant du soutien sans faille des multinationales de son créateur. 

    Davantage que le fond, c'est la forme choisie qui fait obstacle à mon plaisir.

    Se référant à Brel, à Brassens, tout autant qu'à Molière, Saez se revendique en tant que Grand Défenseur de la culture française. 

    Une posture narcissique qui peut lasser à la longue.

    Ne craignant ni l'écueil du trop plein de lyrisme ni celui de la grandiloquence (il peut tour à tour citer Rimbaud ou Barbara sans que ses fans n'y voient là une quelconque prétention), Saez s'auto-revendique poète.

    Un tour de force ou de passe-passe. Au choix.

    Si les intentions humanistes de Saez sont louables, son égocentrisme (mal dissimulé) et son arrogance sont deux aspects de sa personnalité qui à mon sens mettant à mal et contrebalancent une démarche qui se veut généreuse et désintéressée. 

                       

     

                     

     

     

     

                     

     

         

     

     


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