• L'album post-mortem de DEPECHE MODE

    L'album post-mortem de DEPECHE MODE

     

    "Memento Mori "(Souviens-toi que tu vas mourir" en langue latine).

    C’est avec cette locution macabre que les vétérans de la new wave Depeche Mode nous accueillent sur ce 15 ème opus du nom.

    Du quatuor originel foncé il y a maintenant 43 ans, ne demeurent plus désormais que Dave Gahan et le compositeur Martin Gore. Au cours de toutes ces années, Depeche Mode a perdu plusieurs de ses membres : Vince Clarke d’abord, qui a quitté le groupe dès 1981 et le clavieriste Andrew Fletcher décédé en mai dernier.

    C’est donc le produit de la créativité de ces deux survivants, de ces deux dinosaures de la musique pop/rock, que l’auditeur entendra à l’écoute de ce disque à la pochette aux allures d’objet de recueillement.

    « My Cosmos is Mine » plante le décor. Des sonorités froides synthétiques nous plongent dans une atmosphère inquiétante, quasi-claustrophobe. Le chant d’outre-tombe de Dave Gahan accentue le caractère mortuaire de ce « Welcome To My World » (sur l’album Delta Machine) version  2023.

    Le ton est donc donné : sombre.

     « Wagging Tongue » confirme cette impression. Petit bijou de synth-pop (à la sauce analogique), ce titre renvoi au Depeche Mode de Playing The Angel. Cohérent et mélodieux à la fois.

    «Ghosts Again » enfonce le clou de cette tonalité sépulcrale. Porté par un clip en noir et blanc signé du photographe Anton Corbin) dans lequel  Gahan et Gore s’amusent à défier la grande faucheuse, le titre s’étend via les délicats arpèges de la guitare de Martin Gore (un musicien sous côté) qui se mélangent habilement avec les nappes de clavier.  Une recette bien connue qui fonctionne toujours, surtout lorsque on y met du cœur comme le fait DM.

    « Don’t  Say You Love Me » impose son ton martial. Sur ce titre lancinant, Depeche Mode  déploie majestueusement ses ailes d’ange (de la mort).  Gracieux.

    Nous sommes rendus à la fin du premier tiers de ce Memento Mori et le duo anglais a déjà signé un des meilleurs débuts d’albums de l’année.

    Le motif synthétique  de « My Favourite Stranger » convoque  les lignes mélodiques  du « John The Revelator » de Playing The Angel. Du réchauffé ! Nostalgie, quand tu nous tiens…

    « Soul With Me » est la chanson de Martin Gore de l’album, celle avec  laquelle le musicien remplace le timbre de son génial acolyte. Une tendre mélancolie s’en échappe portée par un chant aux envolées lyriques. Ce morceau très lent aux accents de musique sacrée nous emporte dans un ailleurs aérien sublimé.

    « Caroline’s Monkey » reprend les choses là où Dave Gahan les avait laissées. Un titre efficace qui rappelle certains morceaux du répertoire de DM (période Exciter ou Ultra).

    « Before We Drown » prolonge la tonalité mystérieuse qui émerge de ce disque. Les chœurs habités de Gore illuminent ce titre d’une beauté étrange.

    Sur « People are Good », le duo nous affirme que les gens sont bons. Une affirmation sans nul doute ironique un tandem à l’écriture souvent sarcastique.

    Contrairement à de nombreux groupes issus de la mouvance new-wave ,  Depeche Mode a toujours tenu à affirmer une approche réaliste des rapports entre l’humain sur cette Terre et un propos cynique (le fameux « Master And Servant »). Loin d’être de gentils garçons-coiffeurs (surnom dont ils furent affublés à leurs débuts) , ces anglais malins n’ont au contraire cessé d’affirmer leur singularité au fil des ans.

    «  Always You » tranche par sa mélodie et son arrangement de claviers ordinaire. Un flop.

    «Never Let Me go » et son riff de guitare à la Pixies de 2023 nous emmène tranquillement en direction de l’épilogue de ce quinzième album, via le sublime  « Speak To Me » et sa solennité bouleversante.

    Avec ce ténébreux Memento Mori dédié à leur ami disparu Andrew Fletcher, le groupe de Basildon signe un de leurs albums les plus aboutis, un disque qui fera oublier les décevants Delta Machine ou Spirits parus dernièrement et pourra trôner non loin des classiques « Songs Of Devotion » ou « Violator », les albums cultes de ce groupe admirable par sa résilience et sa longévité.

    Les anges de Basildon vous saluent bien.

     

     

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