• DETROIT : horizons bouchés ?

    Lundi 18 novembre 2013.

    Une semaine avant la date prévue à l'origine (qui concidait avec la journée de la violence faite aux femmes), parait Horizons le premier album de Détroit, le nouveau groupe de Bertrand Cantat.

    Ecouter ce que l'ex leader de Noir Désir a à nous dire, dix ans après la mort dansdes circonstances terribles de Marie Tintignant, n'est pas chose aisée.
    Non pas que le rocker doive être associé à vieà ce drame qui a ému l'Hexagone tout entier mais son retour sous une lumière de plus en plus présente (relayée par des médias complices d'un voyeurisme malsain) n'est pas sans générer un certain malaise (que la lecture de propos tenus par l'intéressé dans les Inrocks ou Sud Ouest peine à tempérer.)

    Car bien qu'il soit accompagné sur ce projet par le bassiste Pascal Humbert, personne ne sera dupe : derrière le patronyme Detroit, c'est bien le bordelais (dont le nom apparait sur la jaquette) que l'on vient écouter (pour autant de bonnes que de mauvaises raisons).

    Six années après sa libération conditionnelle, le chanteur a donc retrouvé le chemin du micro (tout autant que la parole).

    Le moins que l'on puisse dire est que l'univers sombre et tourmenté de Cantat n'aura jamais apparu aussi clairement que sur cette galette.

    Le premier extrait "Droit dans le soleil" nous avait quelque peu éclairé quant à la voie empruntée désormais par l'ex Noir Désir : sombre et introspective.

    Sur ce disque, Cantat se fait relativement discret. Pas ou peu de chansons engagées (comme à la belle époque d'avec son groupe), le chanteur prend avec ce disque un virage assagi et apaisé (en surface tout du moins).

    Les fans de BC possèdent sans doute "Choeurs", le disque avec lequel Cantat avait rénoué avec l'écriture et la vie publique. Sur cet album, Cantat laissait alors aller sa théâtralité et cet album avait alors tout lieu de catharis pour celui qui symbolisait à lui tout seul la tragédie grecque (et qui la portait même sur ses épaules).

    Horizons est un album beaucoup plus lisse et, j'oserais employer le qualificatif, commercial.

    C'est peut être ce qui est le plus dérangeant à l'écoute de cette galette. Cantat n'a semble-t-il pas renoncé à ses rêves de gloire et de grandeur.
    A l'image de la promo qui a précédé sa sortie au cours des dernières semaines, certains titres se veulent radio friendly, vendeurs.

    Que l'ex Noir Désir veuille revenir à la musique soit.

    Qu'il le fasse avec élégance et une certaine retenue eut cependant été bienvenu.
    Bertrand Cantat ne sera jamais Raphaël (ni Julien Clerc).

    Son interprétation d"Avec le temps" de Léo Ferré sonne alors comme le symbole de cette absence chez le bordelais de cette humilité et plus inquiétant, de cette compassion nécessaire selon moi pour que son retour soit acceptable.

    Les épreuves et les années passent et Cantat demeure Cantat : incorrigible et arrogant.

    Détroit : sans moi.


    MBPR

     

     

     


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